« MONSIEUR PAUL A TOUJOURS FAIT PARTIE DE MA VIE » dixit Renée Richard.
Renée Richard est décédée le dimanche 19 janvier 2025. Elle souffrait depuis plusieurs mois. Et ce 20 janvier où nous évoquons Paul Bocuse disparu en 2018, nous vous proposons ce témoignage de Renée sur Paul…
Sa maman, Renée Richard, avait installé sa fromagerie en 1965 sur la presqu’île de Lyon, dans les anciennes halles aux Cordeliers. Lorsque les halles déménagent en 1971, elle suit naturellement.
Depuis, les gourmets se pressent ici pour se procurer notamment le célèbre Saint-Marcellin.
Sa réputation dans le monde entier, ce fromage la doit à un parfait affinage, au sens aiguisé de la communication et du marketing de Renée Richard. Elle fut, en effet, la première à avoir l’idée d’emballer son fromage directement dans un papier portant son nom et son logo.
Un coup d’éclat qui permet au fromage de terminer son affinage dans ce papier, apportant ainsi au Saint-Marcellin un crémeux incomparable.
« Monsieur Paul a beaucoup encouragé ma mère et l’a aidée à faire connaître ce fromage en le mettant sur sa carte dès le départ » poursuit-elle. « Il n’avait pas la gloire étriquée.
Sa réussite incroyable vient sûrement de là : il savait entraîner les gens avec lui dans son sillage, que ce soient les restaurateurs, ses fournisseurs ou ses amis.
Mais attention, il aimait les gens qui se levaient tôt et travaillaient dur. Ça se méritait d’être protégé par lui ! »
Une belle relation se tisse alors entre Renée Richard et Paul Bocuse qui se met à la surnommer « la Mère Richard » en référence aux Mères lyonnaises si renommées. Et c’est ainsi que ce surnom devient le nom de la maison.
« Pendant longtemps, Monsieur Paul venait lui-même aux halles avec son camion, que nous chargions à l’arrière. Ensuite, ce sont ses chefs qui s’en sont occupés, puis finalement nous nous sommes mis à le livrer directement à l’Auberge. Ce qui ne l’empêchait pas de venir aux Halles de Lyon tous les dimanches matin » raconte la fromagère.
Un rituel hebdomadaire où Monsieur Paul buvait son café entouré de Renée Richard, mais aussi de Colette Sibilia, charcutière, et Philippe-Marc Jocteur le boulanger. Les quatre compères passaient ainsi un moment sympathique, interrompus de temps à autre par des passants qui voulaient saluer Paul Bocuse, voire échanger quelques mots avec lui : Monsieur Paul s’intéressait aux gens et il leur posait des questions.
Donc, au final, presque tous les Lyonnais ont un souvenir avec lui, une anecdote, une poignée de main…
@ Archives Jean-François Mesplède